LE TEMPS RETROUVÉ
Sauvetage de l'oeuvre en perdition
Réalisé pour son diplôme aux Beaux-Arts d’Angers en juin 2008, cette grande peinture composite en quatre morceaux [huile sur bois 4 x (2m30 x 2m10)] intitulée « Le fantasme d’Arlequin », à défaut d’un meilleur lieu de stockage, aura séjourné environ huit ans dans un garage de fortune, en proie aux intempéries, frictions et distorsions de toutes sortes. Aussi est-il facile d’imaginer l’aspect hautement lépreux de la surface peinte, et les soins requis pour ce patient tout particulier.
Genèse
La première semaine fut consacrée à la consolidation du support des peintures (plaques de bois fin/médium) sujet à de multiples gondolements. Pour se faire, un travail de menuiserie fut nécessaire. Des planches de bois, une fois sciées, furent fixées à la colle à bois et maintenues entre elles par différentes connexions métalliques afin d’assurer une meilleure tenue des supports.
Renforcer le dos pour une meilleure tenue
Au coeur de la restauration
Compte tenu des divers accidents dont ont souffert les peintures (craquelures, déchirures, rayures, accrocs, poussière…), nous commençâmes la deuxième semaine à les nettoyer avec des chiffons humectés d’eau légèrement savonneuse afin d’évacuer le surplus de matière indésirable et de rendre aux couleurs leur éclat d’origine. Dans un second temps, nous nous employâmes à réparer les différents tissus des peintures endommagées en faisant preuve d’une précision plus ou moins chirurgicale dans les retouches. Le travail se portait surtout dans la recherche des tons et des nuances de couleurs par le mélange des pigments, de façon à obtenir une fidélité avec la pâte picturale originelle.
Restauration accomplie, juger vous-mêmes...
Impressions soleil couchant
Ce fut un travail collectif enrichissant où nous pouvions compter sur les expériences de chacun : Marion DENIS, forte de son expérience passée à l’adolescence auprès d’une professionnelle dans le domaine de la restauration, Laurie DYEVRE pour son sens pratique hautement développé, son efficacité et ses compétences techniques qui furent très précieuses, ainsi que LAUTUM en temps que restaurateur de ses propres peintures, ce qui pour lui fut une découverte instructive, une expérience initiatique. Thibault BÂTON n’est pas en reste, ayant prêté main forte pour la transfert des tableaux et pour les photographies.
Cette collaboration permit d’atteindre un point de confiance réciproque, de complémentarité, d’autonomie, fruit d’une écoute permanente et soutenue.
L’enjeu ici était de retrouver l’énergie et le dynamisme du geste, de la touche malgré les années écoulées pour l’artiste. Il s’agissait aussi de redonner une seconde vie à ces tableaux qui ont subi les aléas du temps.